Le fonio : L’histoire cachée de la plus ancienne plante céréalière d’Afrique

16 min. de lecture

Saviez-vous que le fonio, cette plante céréalière fascinante, est cultivée en Afrique depuis plus de 5 000 ans ? En effet, cette plus ancienne céréale africaine témoigne d’une histoire riche et méconnue qui mérite d’être découverte.
La graine de fonio, présente notamment en Guinée, au Mali, au Burkina Faso et en Côte d’Ivoire, représente bien plus qu’une simple céréale. Sans gluten et dotée d’un faible indice glycémique, ce grain précieux occupe une place particulière dans la tradition africaine, où il est préparé sous diverses formes, des bouillies aux couscous traditionnels.
Vous découvrirez dans cet article l’histoire fascinante de cette céréale millénaire, depuis ses premières mentions par l’explorateur Ibn Battûta au XIVe siècle jusqu’à son rôle actuel dans la préservation de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest.

Les origines millénaires du fonio en Afrique de l’Ouest

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Les femmes procèdent à la récolte du fonio. Source de l’image : Yolele West Africa

Le fonio représente un trésor agronomique dont l’histoire remonte aux racines mêmes de l’agriculture africaine. Considérée comme la plus ancienne céréale d’Afrique occidentale, cette plante remarquable aurait été domestiquée il y a plus de 5000 ans, soit environ 3000 ans avant notre ère [1].

Carte interactive – Répartition du fonio

Carte interactive de la culture du fonio en Afrique de l’Ouest

La graine de fonio dans la cosmogonie Dogon

Au sein de la cosmogonie du peuple Dogon au Mali, le fonio occupe une place privilégiée qui transcende sa simple valeur alimentaire. La graine de fonio, appelée dans la langue dogon, est considérée comme le “germe du monde” [2]. Cette conception illustre parfaitement la dimension sacrée accordée à cette céréale millénaire.

Pour les Dogons, le fonio symbolise l’agriculture et la civilisation, en opposition à l’acacia qui représente la nature primitive et sauvage [2]. Dans leur vision du monde, toutes les plantes cultivées seraient en germe dans cette minuscule graine [2]. Cette croyance profonde témoigne de l’importance spirituelle et culturelle du fonio dans les traditions africaines.

Le célèbre ethnologue Marcel Griaule, qui a longuement étudié la culture dogon, rapporte que dans leur mythologie, le fonio est considéré comme “la première et la plus ancienne des graines cultivées” [3]. Plus qu’une simple céréale, il est perçu comme “l’image de l’atome initial d’où est sorti l’univers” [3], illustrant son statut fondamental dans la compréhension cosmologique des Dogons.

Premières traces historiques au XIVe siècle

Les premières références écrites concernant le fonio remontent au milieu du XIVe siècle, grâce aux récits de voyage de l’explorateur berbère Ibn Battûta [2]. Dans son ouvrage Voyage au Soudan (qui correspond à l’actuel Mali), il mentionne que les populations locales préparent leur coscoçoû (couscous) avec du foûni (fonio) qu’il décrit comme ressemblant “aux graines de moutarde” [3].

Fait intéressant, Ibn Battûta ajoute une observation personnelle assez surprenante pour l’époque : “le riz est nuisible aux Blancs qui en font usage ; le fonio est meilleur” [3]. Cette remarque témoigne de la haute estime dans laquelle cette céréale était déjà tenue au XIVe siècle.

D’après les travaux de l’agronome français Roland Portères dans les années 1950, l’aire traditionnelle de culture du fonio s’étend entre les 8e et 14e parallèles nord, du Sénégal jusqu’au lac Tchad [4]. Cette vaste zone englobe plusieurs pays d’Afrique occidentale où le fonio demeure aujourd’hui une culture importante.

L’étymologie révélatrice : « la nourriture »

En 1955, Roland Portères, qui a consacré une monographie complète au fonio, fait une découverte significative concernant l’étymologie de cette céréale [2]. En étudiant les appellations génériques vernaculaires dans différentes langues africaines, il observe que les termes désignant le fonio ont tous le même sens fondamental : “nourriture, aliment”, littéralement “chose à manger” [2].

Cette étymologie révélatrice souligne l’importance primordiale du fonio comme denrée alimentaire de base pour de nombreuses populations ouest-africaines. Le terme “fonio” serait issu de langues ouest-africaines comme le wolof (foño) ou le bambara, selon les contextes d’usage. Son origine exacte reste discutée parmi les spécialistes. [5]

Quant à son nom scientifique, Digitaria exilis, il a été associé au botaniste Otto Stapf en 1915 [3]. Ce dernier pensait que cette espèce cultivée dérivait d’une forme sauvage nommée Digitaria longiflora. Stapf révèle également que c’est l’explorateur français Auguste Chevalier qui, le premier, utilisa officiellement le nom “fonio” (d’origine bambara) pour désigner cette plante dans son rapport “Une mission au Sénégal” publié en 1900 [3].

Le fonio à travers les civilisations africaines

Dans l’histoire des grandes civilisations ouest-africaines, le fonio occupe une place privilégiée qui va bien au-delà de sa simple valeur nutritive. Cette céréale a façonné les traditions et coutumes de nombreux peuples, devenant un témoin silencieux de leur évolution culturelle et sociale.

Son rôle dans les royaumes anciens du Mali

Au 14ème siècle, une anecdote révélatrice témoigne de l’importance capitale du fonio dans le royaume de Segou. Une mutinerie éclata car le peuple réclamait du fonio à manger alors que le roi prévoyait de sacrifier cette précieuse céréale aux oiseaux pour assurer l’hégémonie du royaume [6]. Cette révolte illustre parfaitement la tension entre valeur symbolique et besoin alimentaire concret.

Le fonio n’était pas une céréale ordinaire dans les royaumes maliens. Considéré comme “la culture du roi” par certaines populations, il était traditionnellement servi aux hôtes de marque et consommé préférentiellement lors des cérémonies de noces [7]. Cette tradition persiste encore aujourd’hui : un plat de fonio est considéré comme un plat d’honneur, réservé aux “sages, autorités, dignitaires religieux, beaux-parents, invités d’honneur” lors des grandes célébrations comme les “baptêmes d’enfant, mariages, funérailles” [8].

Par ailleurs, le fonio a joué un rôle essentiel dans l’alimentation des populations indigènes Malinke, Dogon et Bambara [6]. Son importance était telle que certaines traditions orales avancent, sans preuve archéologique formelle, que le fonio aurait été consommé par les anciens Égyptiens et déposé dans des tombeaux royaux.[9]

Dans les traditions agricoles maliennes, le fonio occupait une place stratégique. Il permettait notamment d’assurer un système de culture dérobé, occupant les parcelles de mai à mi-août [6]. Cette pratique témoigne de l’ingéniosité des agriculteurs anciens qui optimisaient ainsi leurs terres cultivables.

Traditions de culture chez les peuples du Fouta Djalon

Le Fouta Djalon, région montagneuse située principalement en Guinée, représente le cœur historique de la production du fonio. Ce massif produit environ 60% de la production mondiale de cette céréale [8], qui y constitue l’aliment de base de la population. La Guinée demeure aujourd’hui le premier producteur mondial avec près de 600 000 tonnes par an selon la FAO [10].

PaysSuperficie cultivée estimée (ha)Production annuelle estimée (tonnes)Zones de culture principales
Guinée150000600000Fouta Djalon (montagnes, plateaux)
Mali100000350000Plateaux et zones semi-arides
Burkina Faso2500070000Nord-ouest, zones soudano-sahéliennes
Sénégal2000060000Casamance, Bassin arachidier
Côte d’Ivoire1500050000Centre et nord du pays
Nigeria1000040000Centre-nord et zones semi-arides
La répartition géographique du fonio en Afrique de l’Ouest, avec pour chaque pays la superficie cultivée estimée, la production annuelle et les zones de culture principales.

Les traditions de culture au Fouta Djalon reflètent une adaptation remarquable aux conditions locales. Selon les pratiques traditionnelles, le fonio peut être cultivé en tapade (concession familiale) sur des bordures de 0,25 à 0,50 ha, ou en champs extérieurs sur des superficies plus importantes : 1,8 ha en plaine, 1,02 ha en coteaux et 1,12 ha en montagne [11].

La moisson du fonio constitue un moment ritualisé où la division des tâches est précisément codifiée :

  • Les hommes coupent les tiges à la faucille
  • Les femmes assemblent les petites gerbes de 1 à 3 kg
  • Le transport vers les habitations se fait dans des corbeilles pour protéger la récolte des pluies [11]

Une coutume particulière accompagne la constitution des meules de fonio : “après avoir disposé 9 gerbes, la dixième est jetée, en vrac, à l’intérieur de la meule. Cette pratique est appelée ‘la dîme du champ‘ et les grains obtenus… seraient traditionnellement réservés pour être offerts aux nécessiteux” [11]. Cette tradition illustre parfaitement l’esprit de partage ancré dans la culture du Fouta Djalon.

Aujourd’hui encore, les femmes demeurent les principales gardiennes de cette culture. Au Fouta Djalon, “les productrices de fonio sont en majorité des femmes” [12], perpétuant ainsi un savoir-faire ancestral. Comme le souligne un agriculteur guinéen : “les femmes c’est elles qui cultivent” [12], même si les efforts actuels visent également à attirer les jeunes vers cette culture traditionnelle.

Le fonio incarne ainsi une continuité remarquable entre passé et présent, entre traditions ancestrales et adaptations contemporaines, témoignant de la résilience des civilisations ouest-africaines face aux défis de leur environnement.

Étape de la chaîne de valeurRôle des femmesRôle des hommes
SemisParticipation active, surtout dans les tapades familialesPréparation du sol, hersage, parfois semis en champs ouverts
RécolteAssemblage des gerbes, transport et triCoupe des tiges à la faucille
DécorticageActivité principale, savoir-faire transmis entre générationsAide ponctuelle, surtout pour la manutention
Commercialisation localeSouvent en charge dans les marchés locauxMoins présents au niveau local
Exportation / distribution à grande échelleFaible implication, sauf dans les coopératives féminines organiséesMajoritairement impliqués dans les circuits d’exportation et logistique
Tableau des rôles genrés dans la chaîne de valeur du fonio, depuis le semis jusqu’à la distribution. Il met en lumière la forte implication des femmes dans les étapes clés, en particulier la transformation et la vente locale.

Pratiques culturelles et rituels liés au grain fonio

Au cœur des traditions africaines, le fonio transcende son statut de simple nourriture pour devenir le centre de rituels et pratiques culturelles riches de sens. Cette céréale millénaire rythme la vie sociale de nombreuses communautés ouest-africaines à travers des cérémonies emblématiques.

Cérémonies de récolte traditionnelles

La récolte du fonio constitue un moment privilégié de cohésion sociale. Pour transformer cette céréale millénaire, il faut battre les tiges coupées après les récoltes et les fouler au pied pendant des heures pour séparer le grain qui sera ensuite stocké dans le grenier [13]. Ce processus, bien que fastidieux, devient festif grâce aux encouragements et à la musique des griots qui accompagnent parfois les opérations villageoises.

Le battage, réalisé généralement en groupe à l’aide de bâtons ou par piétinement, représente bien plus qu’une simple étape technique. En effet, il s’agit d’une occasion de renforcement des liens sociaux à travers la liesse populaire qu’il génère [14]. Cette dimension communautaire transforme un travail pénible en célébration collective.

Le fonio dans les célébrations de vie

Cette céréale occupe une place centrale dans les moments clés de l’existence. Pour de nombreuses communautés du Sénégal – bédik, bassari, mandingue, koniagui, jaaxanké, dialounké, peul – le fonio sert notamment de plat de référence pendant les grandes fêtes et les moments de réjouissance [15].

Chez les Bassari, dont l’appellation officielle est désormais “Onyan”, le fonio s’inscrit profondément dans les rituels spirituels. Il n’est pas cultivé à l’origine dans un but commercial, mais plutôt pour perpétuer un héritage culturel ancré dans la religion traditionnelle [15]. Ainsi, lors des cérémonies initiatiques, un repas à base de fonio préparé par les femmes est porté par les hommes jusqu’au bois sacré où des offrandes sont faites aux esprits tutélaires.

Par ailleurs, le fonio est présent lors des grandes célébrations comme les baptêmes d’enfants, mariages et funérailles [15]. Sa fonction dépasse largement sa valeur nutritive pour atteindre une dimension éminemment spirituelle.

CérémoniePeuples concernésRôle du fonio
BaptêmePeuls, Mandingues, DialonkéPlat d’honneur servi aux beaux-parents et invités lors de la fête
MariageMandingues, Dogons, BambarasSymbole de bénédiction et de prospérité, servi aux mariés et aînés
FunéraillesPeuls, Bassaris, MandinguesAliment sacré partagé en hommage aux défunts et aux anciens
Rites initiatiquesDogons, Bassaris, OnyansOffrande rituelle portée dans le bois sacré, symbole de transmission
Le rôle du fonio dans les cérémonies et autres célébrations de vie

Transmission des savoirs entre générations

La perpétuation des pratiques liées au fonio repose sur un système de transmission orale et pratique. Le mode d’apprentissage s’apparente à de la formation “sur le tas” ou à un apprentissage non formel [16], permettant aux jeunes générations d’intégrer progressivement ces savoirs ancestraux.

Les femmes jouent un rôle prépondérant dans cette transmission, s’imposant comme les véritables gardiennes de l’héritage lié à la culture du fonio [15]. Notamment, les femmes âgées assument une responsabilité particulière dans l’éducation des plus jeunes qui apprennent grâce à leur exemple [17].

Cette chaîne de transmission assure la préservation non seulement des techniques agricoles, mais également de tout un patrimoine immatériel fait de croyances, de rituels et de pratiques sociales qui constituent l’identité même des communautés concernées.

Évolution des techniques de culture du fonio

De la tradition millénaire aux techniques modernes, la culture du fonio a connu une évolution remarquable tout en préservant ses racines. Cette céréale résiliente illustre parfaitement l’équilibre entre savoir-faire ancestral et innovations contemporaines.

Méthodes ancestrales de semis et récolte

Traditionnellement, les agriculteurs pratiquent le semis à la volée sur un sol légèrement ameubli. Les graines sont enfouies à faible profondeur par un simple hersage ou recouvrement à la daba [18]. Les densités de semis varient généralement entre 10 et 30 kg/ha, bien que certains pratiquent un semis plus dense (jusqu’à 50 kg/ha) pour réduire la pression des adventices [19].

La récolte, demeurée essentiellement manuelle, s’effectue à la faucille entre septembre et novembre selon les variétés [3]. Les hommes coupent les tiges tandis que les femmes assemblent de petites gerbes de 1 à 3 kg [19]. Ensuite, le battage s’effectue traditionnellement au bâton ou par piétinement, suivi d’un vannage à l’aide de vans en rônier ou de calebasses [18].

L’adaptation aux changements climatiques

En réponse aux défis climatiques actuels, le fonio démontre des capacités d’adaptation exceptionnelles. Cette plante s’épanouit sur des sols pauvres où d’autres céréales peineraient à survivre [20]. Grâce à ses variétés précoces qui arrivent à maturité en seulement six à huit semaines, elle contribue efficacement à la sécurité alimentaire pendant les périodes de soudure [20].

D’ailleurs, des études récentes confirment que le fonio présente un potentiel significatif pour faire face aux enjeux du changement climatique [21]. Son adaptation aux zones semi-arides et sa moindre exigence en eau en font une alternative pertinente face aux perturbations climatiques [22].

Innovations modernes respectant les traditions

Les recherches actuelles ont permis d’améliorer considérablement les techniques de culture. Par exemple, le projet porté par l’université Cornell et 3-A Sahel au Mali a démontré que les agriculteurs peuvent presque doubler leur rendement en adaptant les méthodes du système de riziculture intensive (SRI) [23].

De plus, le semis en ligne, introduit comme alternative au semis à la volée, permet une répartition homogène des semences et facilite le désherbage [18]. Il nécessite également moins de graines (12 kg/ha au lieu de 20) tout en produisant des plantes plus robustes [23].

En ce qui concerne la post-récolte, les innovations se concentrent notamment sur la mécanisation du décorticage. Les machines modernes peuvent traiter jusqu’à cinq kilos de fonio en seulement huit minutes, contre plusieurs heures manuellement [24].

Étape de cultureMéthodes traditionnellesInnovations récentes
SemisSemis à la volée sur sol ameubliSemis en ligne (meilleure répartition)
Densité de semis10 à 30 kg/ha (jusqu’à 50 kg/ha selon les cas)12 kg/ha (optimisé pour rendement)
DésherbageManuel, souvent fastidieuxFacilité par l’espacement des rangs
RécolteManuelle à la faucillePossibilité de mécanisation partielle
BattageAu bâton ou par piétinementPar des machines post-récolte
DécorticageManuel, très lent (heures pour quelques kilos)Décortiqueuses modernes (jusqu’à 5 kg/8 min)
Rendement moyen0,3 à 0,5 t/haJusqu’à 1 t/ha avec techniques SRI
Tableau comparatif entre les méthodes traditionnelles et les innovations récentes dans la culture du fonio. Il couvre chaque étape clé de la chaîne de production, du semis au rendement.

Le fonio aujourd’hui : entre patrimoine et renaissance

Après des décennies d’oubli relatif, le fonio connaît actuellement un regain d’intérêt remarquable sur la scène internationale. Cette céréale millénaire, longtemps marginalisée, retrouve sa place grâce aux qualités nutritionnelles, organoleptiques et thérapeutiques que lui reconnaissent désormais les consommateurs [25].

Redécouverte par la gastronomie internationale

En 2016, un tournant majeur s’est produit lorsque le chef sénégalais Pierre Thiam, installé à New York, a convaincu une chaîne américaine de supermarchés bio de commercialiser le fonio [26]. Cette initiative a permis l’introduction du fonio dans les rayons sous forme décortiquée et précuite, mieux adaptée aux ménages occidentaux pressés. Surnommé le “nouveau quinoa“, le fonio gagne rapidement en notoriété [5].

Au cours de la dernière décennie, cette céréale ancestrale s’est transformée en véritable star gastronomique. Elle possède même sa journée internationale, célébrée le 27 juillet depuis 2010 [5]. En France, des chefs comme Mory Sacko deviennent ses ambassadeurs, tandis que la presse féminine la présente comme un “allié minceur et santé” [5].

Projets de préservation des variétés traditionnelles

Parallèlement à ce succès commercial, d’importants efforts de préservation se développent. Une équipe internationale, comprenant des généticiens, agronomes et linguistes, a constitué la plus grande collection de fonio disponible à ce jour, composée de 1539 accessions provenant de toute son aire de répartition [20].

En Afrique, des initiatives comme le projet “ATNA-FONIO” à Kédougou ont permis la certification biologique par ECOCERT des champs de 1000 producteurs utilisant des variétés locales dont les semences sont conservées par les paysans eux-mêmes [27]. Cette approche préserve la biodiversité de l’écosystème tout en revitalisant économiquement la région.

Témoignages des gardiens de la tradition

Ces projets mettent en lumière le rôle crucial des gardiens de la tradition. “Les femmes, c’est elles qui cultivent”, témoigne un agriculteur guinéen [28]. Effectivement, la majorité des 1000 producteurs certifiés sont des femmes, et c’est grâce à leur travail que les familles augmentent leurs revenus [27].

Des cheffes cuisinières s’engagent également dans cette renaissance en créant de nouvelles recettes à base de fonio, amorçant ainsi une véritable révolution culinaire autour de ce produit riche en protéines [29]. Comme l’affirme le chef Pierre Thiam : “J’y crois. Les gens sont en train de se réveiller sur la qualité de leur alimentation… il faut porter les recettes du changement” [30].

En définitive, le fonio se révèle aujourd’hui comme une solution potentielle aux défis du changement global, capable de contribuer à une diversification équitable des systèmes agricoles [20] tout en préservant un patrimoine culturel irremplaçable.

Conclusion

Le fonio représente certainement bien plus qu’une simple céréale ancestrale. Cette plante millénaire témoigne d’une histoire riche qui traverse les âges, depuis les traditions dogons jusqu’aux tables des restaurants étoilés d’aujourd’hui.

Sans aucun doute, sa renaissance actuelle ne fait que confirmer la sagesse des peuples africains qui l’ont préservée pendant des millénaires. Les qualités nutritionnelles exceptionnelles du fonio, combinées à sa résistance face aux changements climatiques, en font une ressource précieuse pour l’avenir de l’alimentation mondiale.

Ainsi, cette graine minuscule porte en elle l’espoir d’un développement agricole durable, respectueux des traditions tout en répondant aux défis contemporains. Finalement, le fonio nous rappelle que les solutions aux enjeux modernes se trouvent parfois dans les savoirs ancestraux, patiemment transmis de génération en génération.

FAQs

  1. Qu’est-ce que le fonio et quelle est son importance historique ?

    Le fonio est la plus ancienne céréale cultivée en Afrique de l’Ouest, domestiquée il y a plus de 5000 ans. Il joue un rôle crucial dans les traditions et la sécurité alimentaire de nombreuses cultures africaines.

  2. Quelles sont les qualités nutritionnelles du fonio ?

    Le fonio est une céréale sans gluten avec un faible indice glycémique. Riche en protéines et en nutriments essentiels, il est considéré comme un “super aliment” bénéfique pour la santé.

  3. Comment le fonio s’adapte-t-il aux changements climatiques ?

    Le fonio est particulièrement résistant à la sécheresse et pousse bien dans des sols pauvres. Ses variétés précoces arrivent à maturité en 6 à 8 semaines, ce qui en fait une culture adaptée aux conditions climatiques changeantes.

  4. Quelles sont les traditions culturelles liées au fonio ?

    Le fonio est au cœur de nombreuses cérémonies et rituels en Afrique de l’Ouest. Il est servi lors de célébrations importantes comme les mariages et les baptêmes, et joue un rôle dans les pratiques spirituelles de certaines communautés.

  5. Comment le fonio est-il perçu dans la gastronomie moderne ?

    Le fonio connaît un regain d’intérêt international, étant parfois surnommé le “nouveau quinoa”. Des chefs renommés l’intègrent dans leurs créations culinaires, contribuant à sa popularité croissante dans la gastronomie contemporaine.

Références

[1] – https://ici.radio-canada.ca/mordu/3523/fonio-afrique-changements-climatiques-recette
[2] – https://fonio.cirad.fr/la-plante/origine
[3] – https://agritrop.cirad.fr/544629/1/document_544629.pdf
[4] – https://www.doc-developpement-durable.org/file/Culture/Culture-plantes-alimentaires/FICHES_PLANTES/fonio/origine du fonio.pdf
[5] – https://www.liberation.fr/lifestyle/gastronomie/surnomme-nouveau-quinoa-le-fonio-devient-une-graine-de-star-20240830_ORD3DPSGAVG3RF2D57EJTD7ACU/
[6] – https://m.elewa.org/Journals/wp-content/uploads/2021/01/1.Konate.pdf
[7] – https://cgspace.cgiar.org/server/api/core/bitstreams/06863f9a-98a0-42b3-aee5-31205745399d/content
[8] – https://www.quae.com/extract/2243
[9] – https://www.heidi.news/explorations/onze-solutions-africaines-pour-le-monde-d-apres/le-fonio-graine-de-l-univers-qui-pourrait-revolutionner-l-agriculture-africaine
[10] – https://www.rfi.fr/fr/podcasts/un-jour-au-village/20250215-le-fonio-en-guinée-une-culture-qui-a-la-peau-dure
[11] – https://agritrop.cirad.fr/483701/7/lefonio.pdf
[12] – https://guineenews.org/production-du-fonio-au-foutah-djallon-statistiques-defis-et-perspectives-2eme-partie/
[13] – https://www.francetvinfo.fr/replay-radio/une-journee-mondiale/une-journee-mondiale-du-fonio-le-retour-d-une-cereale-africaine-oubliee_4038577.html
[14] – https://popups.uliege.be/1780-4507/index.php?id=18695
[15] – https://www.seneplus.com/economie/le-fonio-une-culture-culturelle-revalorisee-par-lengagement-des
[16] – https://www.researchgate.net/figure/Chronogramme-historique-de-linnovation-decortiqueur-fonio-Historical-chronogram-of_fig1_323041905
[17] – https://journals.openedition.org/cres/7287
[18] – https://louvaincooperation.org/sites/default/files/2020-10/193.Fiche de production Fonio _ FA_LC_Eclosio_ VRe.pdf
[19] – https://www.doc-developpement-durable.org/file/Culture/Culture-plantes-alimentaires/FICHES_PLANTES/fonio/programme_fonio_Senegal.pdf
[20] – https://www.ird.fr/coup-de-projecteur-sur-le-fonio-cereale-africaine
[21] – https://publications.cirad.fr/une_notice.php?dk=580246
[22] – https://vert-togo.tg/le-fonio-une-solution-face-a-la-secheresse/
[23] – https://thinklandscape.globallandscapesforum.org/fr/49370/le-fonio-nouvelle-cereale-prodige-dafrique-de-louest/
[24] – https://www.wipo.int/fr/web/ip-advantage/w/stories/finding-africa-s-future-crop-in-the-past
[25] – https://agritrop.cirad.fr/513276/1/ID 513276.pdf
[26] – https://www.francetvinfo.fr/monde/afrique/economie-africaine/le-fonio-cereale-africaine-sans-gluten-arrive-dans-les-assiettes-a-new-york_3059477.html
[27] – https://azioneterrae.com/fr/best-practice/production-de-fonio-biologique/
[28] – https://www.gqmagazine.fr/article/fonio-c-est-quoi-cette-cereale-ancestrale-ultra-bonne-pour-la-sante-qui-fait-craquer-le-monde-entier
[29] – https://www.dw.com/fr/guinee-fonio-entre-tradition-et-modernite/video-62688052
[30] – https://www.humanite.fr/societe/gastronomie/le-reve-americain-de-pierre-thiam-cest-lor-du-fonio-africain

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